Senon : Historique

Pascal GROSDIDIER, mercredi 04 mars 2009 - 18:00:00


Historique de Senon

Senon vicus gallo-romain, vient de seno (vieux )







senon
(Senum, Sennon, Senonim, Cenon)



La dénomination actuelle se retrouve dans celles de deux autres villages meusiens :
-Senoncourt (à 4 kilomètres au nord de Souilly)
-Senonville (à 9 kilomètres au sud-est de Vigneulles-les-Hattonchâtel).
Le nom est également celui de la bourgade vosgienne de Senones, héritière de Senonia, abbaye fondée au VIIe siècle par GOMBERT, ancien archevêque de Sens.
Or, historiens et archéologues sont d'accord pour reconnaitre que les Senons (habitants de Sens) ont beaucoup essaimé à travers toute la Gaule et qu'ils avaient même franchi les Alpes pour créer des colonies dans l'Italie du nord.
Aux environs de Ravenne, la ville de Sinigaglia (Sena gallica) aurait été fondée par eux ; des traces de leur occupation ont été signalées également à Montefortino (province d'Ancône), où une nécropole connue depuis 1894 et qui a fourni des stèles-maisons typiques appartient sans aucun doute aux Senons.
De ces faits historiques, on peut conclure que le village meusien doit son origine à une colonie de Senons installée entre la Meuse et la Moselle.
Cette opinion semble du reste prévaloir aujourd'hui dans le monde archéologique et le terme de Senon figure déjà dans le Cartulaire de Gorze à propos de la cession de l'église de Senon et de ses dépendances par l'évêque de Verdun, Henri de BLOIS, en 1127. Depuis lors le nom du village n'a pas subi grande modification.


Recensement :
Années Habitants
1617:....... 64
1726:....... 92
1750:....... 92
1791:....... 75
1793:....... 412
1800:....... 454
1804:....... 447
1806:....... 460
1821:....... 520
1831:....... 608
1836:....... 678
1841:....... 696
1846:....... 748
1851:....... 768
1856:....... 719
1861:....... 888
1866:....... 840
1872:....... 768
1876:....... 859
1881:....... 757
1886:....... 676
1891:....... 715
1896:....... 722
1898:....... 662
1901:....... 634
1906:....... 662
1911:....... 614
1921:....... 329
1926:....... 410
1931:....... 403
1936:....... 374
1946:....... 339
1954:....... 313
1956:....... 343
1962:....... 343
1968:....... 306
1975:....... 273
1982:....... 246
1990:....... 205
1999:....... 228
2006:....... 289





Le village de Senon est entiérement construit sur un vaste emplacement occupé autrefois par de nombreuse habitations romaines.


Entre le IIe et IIIe siècle, Senon était la plaque tournante du trafic terrestre, carrefour de deux grandes voies romaines et de cinq diverticules de Reims à Metz, par Verdun et de Reims à Trèves.

L'ouvrage fortifié du "Bourge", vestige archéologique gallo-romain, du 1er et 4e siècle, était destiné à assurer la sécurité des voyageurs. Les fouilles dans ce fortin, entreprises par les allemands, pendant la guerre 14-18, ont fait l'objet de précieuses découvertes emportées en Allemagne et rapatriées en France, grâce à l'intervention de Charles HUMBERT, né à Loison, sénateur à l'époque de la Meuse. Toutes ces pièces sont exposées au musée de la Princerie de Verdun.













C'est la découverte d'un trésor monétaire en 1924, du IIIe siècle à Senon lot de plus de mille pièces de monnaies, vestiges datant de 259-260 de notre ère, suite à l'invasion conjointe des Alamans et des Juthunges.

En 1127, Henry de WINCHESTER, consacra et unit à l'abbaye de Gorze, l'église de Senon, qui venait d'être construite. En effet, Senon qui ne consistait qu'en quelques manses ou familles, tout à fait dépendantes d'Amel, forma le dessein de faire construire une chapelle ou église... L'abbé de Gorze s'y opposa, d'abord, puis il permit d'y fonder une chapelle sur un fonds qui lui appartenait, à condition, qu'aucun dommage ne serait causé au prieuré d'Amel, duquel ladite chapelle relevrait toujours, que cet oratoire et le fonds sur lequel il serait construit resteraient la propriété du monastère de Gorze, que les baptèmes et les inhumations continueraient de se faire à Amel, et que le prieur d'Amel percevrait tout le casuel de Senon comme auparavant...


En 1152, l'évêque Albéron, confirma cette donation avec la chapelle d'Ornel.

Vers 1165, l'abbé de Gorze cédà au prêtre d'Amel et à ses successeurs l'église de Senon, avec charge d'y célébrer les divins offices. Senon resta donc annexe d'Amel jusqu'à son érection en cure.

Senon, anciennes confréries, de Saint-Aignan, ou des Archers du Pont de L'Ornel, et de Saint-Sébastien ou des Arbaletriers.

L'écart de Rémany, était anciennement un village, avec une église, mais ruiné au XVI e siècle. Au mois de mars 1220, le chevalier de MERVAUT, vendit à Jean d'APREMONT, évêque de Verdun, tout ce qu'il possédait en fief à Rémany, ainsi qu'à Pierreville et à Mogeville. En 1580, c'était un fief, dont l'évêque BOUSMARD, vint prendre posséssion en personne.

Quant à Naumoncel, une colonie pénitentiaire, établie et dirigée depuis 1856 par l'abbé Nicolas-Mathieu DAMBROISE, né le 28 mars 1822 à Billy-sous-Mangiennes, a été supprimée en 1882.


En 1289, le mardi après la Magdeleine, Senon fut affranchi avec Amel par THIEBAUT II, Comte de Bar, et Jean, abbé de Gorze. (Au Moyen-Âge, Saint Chrodegang, évêque de Metz et conseiller de Pépin le Bref, fonde l'abbaye de Gorze en 749, selon la règle de Saint-Benoît.
Cette abbaye réputée pour son enseignement monastique devint la capitale du plain chant messin, ancêtre du Grégorien).

Le Cardinal Guillaume HUIN se proposait de construire l'église paroissiale de Senon:il avait l'intention d'en faire une des plus belles basiliques du diocèse ; mais la mort vint déjouer ses projets.



L'église fut donc bâtie par Léonard VALTRINY (1534 à 1541) dans le style :
- " rhénan ", ce qui signifie relatif au Rhin et à la Rhénanie.
- " ogival ", ce qui signifie qu'elle fut construite sur les plans d'une voûte d'arêtes qui s'appuie sur l'entrecroisement de deux arcs diagonaux : Art gothique.



Il y a dans cette église un mélange de style, avec de légers indices de la renaissance. L'édifice a subit quelques mutilations pendant les guerres du XVIIe siècle et à la révolution. Les chapiteaux des piliers et les pilastres sont ornementés de symbolismes : ce sont les péchés capitaux en action.
On y trouve aussi douze peintures à fresques représentant les douzes Apôtres avec leurs symbolismes.
L'autel principal est aussi ancien que l'église.
Le baldaquin est postérieur.
Repositorium au nord-est du choeur.
Portail et clocher, style de la renaissance.
Maître-autel surmonté d'un retable en pierre sculptée, représentant La Cène, mutilé en 1793.
Derrière l'autel, statue de Saint-Léonard avec les armoiries du fondateur.
La charpente de la toiture est particulièrement remarquable.

Le frère de Léonard VALTRINY (WALTRIN) , Didier WALTRIN, échevin synodal de Senon, mourut le dernier jour du mois d'août 1538 et fut inhumé dans l'église en construction. Dans l'église, une inscription rappelle la date et la dotation de l'église saint-Léonard.


Des réparations importantes furent exécutées en 1829.



L'église fut classée monument historique par arrêté du 16 octobre 1906.

Malheureusement, elle subit les dommages de la Première Guerre mondiale. De nouveau endommagée durant la Seconde Guerre mondiale, elle est reconstruite avec l'une des premières charpentes en béton armé. Ceci explique également la présence de vitraux du XXe siècle qui sont signés GRÜBER, comme souvent dans ce secteur. Elle bénéficie d'un riche patrimoine culturel et religieux : une rosace présentant les 12 signes du zodiaque, un retable représentant la célèbre Cène de Léonard de Vinci, un chemin de croix en excellent état.


A Senon et Amel, subsiste une étrange survivance d'un droit remontant au Moyen-Age.



Tître originaire des Ambagneux
de Senon et d'Amel
~~Traduction et copie~~


Nous, Edouard, comte de Bar, faisons savoir et ce qu'ayant à tout cause que ces présentes lettres verront et auront, que comme Jehans Whunis, notre prèvost d'Etain qui fait "aist" saisie est mise la main pour Nous et en notre nom, à Bois qu'on dit le Raitout de Pierville.
Lequel Bois doit être à plusieurs de nos bourgeois d'Amel et de Senon et de nos hommes de Rommany, sy comme il est trouvé par Monseigneur Jehans Whunis notre chancellier
et par nous Jehans de Navès chevalier et notre Bailli de Saint Mihiel, et du commis, et par Auguste force délègue faite et acquise. ------------------------------------------------
A savoir Ets que nous avons fait élever notre main et désaisir le dit Bois dit le Raitout d'autant Entièrement et l'avons ++ donnée et délivrée à nos dits Bourgeois et Hommes franchement et ++ quittement.Et leur avons et promettons réellement Et de bonne foy pour nous et nos successeurs que jamais au temps à venir, nous ne le réclamerons ny demanderons, au dit Bois ne feront réclamer ny demander par Nous, par nos successeurs, ny par autres, qui ayent ou qui puissent avoir cause de Nous ; que ly maintiendront et en jouirront en tout droit dorénavant Et paisiblement comme de leur propre héritage sans nul contredit.---------------------------
Sauf sans que nous retenons Pour Nous, au dit Bois Le Raitout, Et les grosses forces, se nul les y faisait et voulons que s'il y avait amande, qu'elles viendront où Elles allaient Anciennement en témoignage de vérité pour tant que Nous, Edouard, comte de Bar, des sus nommés avons donné à nos dits Bourgeois et hommes ces présentes lettres scéllées de notre Sceau qui furent faites L'an Mil Trois Cent Cinquante et Un, le lundy, Lendemain ++
fête de Saint Jacques et Saint Philippe Apôtres, second jour de May.


~~~~~~~~~~~~~~~~~~


Pour copie collationnée et très exactement rendu conforme à l'original en parchemin d'une écriture gotique où l'on voit qu'il y avait un sceau à queue pendante qui ne subsiste plus, à l’exception des rottes laissées en blanc ++ que la nécessite de la pièce en des endroits n'a pas permis de lire L'original.

Reçu à l'ainstant par les conseillers du Roy à Nancy noltaire soussigné ce dix huit Juillet mil sept cent soixante huit Auvrest avec paragraphe. Marigion avec paragraphe.

Controllé à Nancy le dix neuf juillet 1768 ~
Reçu neufs sols et six deniers : Munier avec paragraphe.
Délivré pour coppie conforme à la minute par moi, Greffier de la Justice des Ambagneux d'Amel en présence des Maîtres et Gens de Justice d'Amel et de Senon, approuvé
par le Sous Préfet du troisième Arrondissement du Département de la Meuse, séant à Montmédy en datte du dix sept prairial

An Onze de la République Française, une, indivisible.

Et ont signé sur la copie
Jacques André, maître...Jean Pierre Humbert, maître
N. DAGOGNET. Gabriel FOUQUET. J.N COURAGEUX





En 1334 le comte de Bar, Edouard Ier avait soutenu dans sa lutte l'évêque de Verdun dont les droits étaient contestés par les bourgeois de sa ville. Les habitants de Senon et Amel s'étaient engagés aux côtés de leur seigneur. Pour les remercier, son petit-fils, Edouard II, donna à perpétuité le lundi 2 mai 1351 la propriété d'une forêt connue sous le nom de Bois du Raitaut de Pierville aux habitants de ces villages Elle leur appartient toujours sous le nom de communauté des Embagneux (ou Ambagneux, on trouve les deux orthographes) et le Bois est connu depuis plusieurs siècles sous ce nom. Pour faire partie de la communauté il faut réunir deux conditions, descendre d'un Embagneux le terme en est venu à désigner les membres de la corporation et habiter l'un ou l'autre des deux villages.
Si, dans les premiers siècles il n'existe pas de liste des noms des Embagneux car on se connaissait, la multiplicité des lignes entraîna la confection d'un registre, qui est toujours tenu à jour et mentionne le nom et la mention "Embagneux par son père, ou par sa mère". Ce registre est utile au généalogiste car il reconstitue toute la descendance sur place des ancêtres en vie au XIVème siècle.

La répartition se fait selon le droit médiéval, un Embagneux le devenant à la mort de son père ou de sa mère, car les filiations féminines sont à égalité avec les filiations masculines. On ne peut pas prétendre à plusieurs portions, même si on compte plusieurs ancêtres Embagneux.
Au moment où une coupe de bois est vendue, le produit de la vente est réparti entre les Embagneux en vie à cette date. Rien ne s'oppose à ce qu'un héritier quitte ces deux villages, mais pour devenir Embagneux il doit venir y résider dès qu'il succède aux droits de son père ou de sa mère. Deux époux peuvent être Embagneux.
Il peut paraître bizarre que ce privilège n'ait pas été aboli par la révolution. La raison semble provenir de sa nature-même, puisqu'il s'agit de forêt communale et non pas d'un bien national.

Voir article d'un ancien journal :
Lien



Senon était autrefois annexe d'Amel et fut érigé en cure par une "bulle", c'est-à-dire par une lettre apostolique portant le sceau (en métal) du Pape Clément VII en 1534, fulminée le 20 février 1535 par Jean MAGULLOT, Official de Verdun.
Jean, cardinal de Lorraine, confirma cette érection, dans son synode de 1542.

Cette demande d'érection datait de 1526. Cette demande eut lieu avec facultée d'avoir à Senon un curé résident pour y faire le service divin, à charge d'indemniser le curé de Saint Martin d'Amel pour raison dudit démembrement, et à charge aussi pour les habitants de Senon, de doter leur curé, d'entretenir l'église de toutes choses à leurs frais, etc.

Le 19 février 1635, on forca les Jésuites à donner un vicaire à Jacques JACQUEMIN, curé de Senon, qui trop âgé ne pouvait plus assurer seul les devoirs de son ministère.
Il fut mis à mort par les suédois en 1647. Martin MANONCET, curé d'Amel, qui desservait Senon en 1647, raconte que les curés de Senon et Gouraincourt avaient été massacrés avec leurs paroissiens, les villages pillés et incendiés par les suédois.

Revenu de la cure en 1750 : portion congrue de 500 livres.
Les dîmes appartenaient au prieur d'Amel.
Les terres et prés de la cure furent vendus le 16 mai 1791 et le 27 Germinal An II. La fabrique possédait, avant la révolution, 45 jours de terres et 4 fauchées de près.
Ce domaine a été vendu en grande partie les 12 Frimaire An II , 27 Pluviose An II , et 11 Vendémiaire An III.
Une partie, non vendue, a été restitué à la fabrique.


Nommé en 1785, Jean-Jacques BOP, né le 12 avril 1753 à Fribourg-en-Brisgaw prêta les serments, arrêté le 24 mars 1794, emprisonné à Bar, condanné à la déportation, parti de Bar à Rochefort avec le 8e convoi, le 2 juin 1794, embarqué sur les "Deux-Associés", libéré en 1795, revint dans sa paroisse, où il prêta le serment du 18 Fructidor an V (4 septembre 1797). Nommé de nouveau le 1er Pluviose an XI (21 janvier 1803) transféré ensuite à Manheulles en 1808, puis à Sommerviller (54) en 1814.



En 1802, l'église de Senon était reconnue Succursale, mais supprimée en 1807 pour être annexée à Amel.
En 1808, 1811 et 1829, la municipalité de Senon, demandait avec instance, un curé, avec l'érection en succursale.
Le 19 mars 1836, Senon était de nouveau reconnu Succursale, par ordonnance royale.


Au XVIIIe siècle, le Roi et les Jésuites de Pont-à-Mousson en étaient seigneurs hauts, moyens et bas justiciers.





Copyright © Tous droits réservés.






Cet article est de Senon d'Antan Meuse
( https://senon.l3fr.org/e107_plugins/content/content.php?content.5 )


Temps d'exécution:0.0272s, dont0.0024de celui des requêtes.Requêtes BdD:21. Utilisation mémoire:2,448ko