Les fusillés à Senon pendant la guerre 1939-1945

Pascal GROSDIDIER, jeudi 27 mars 2008 - 19:00:00


Septembre 1944
Les fusillés à Senon pendant la guerre 1939-1945
BRASSE et FOCOSI





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Le premier septembre 1944 alors que les premiers Américains franchissaient le pont de l’Orne à Etain, le Docteur ORLIAC arrivait à la ferme de Pierreville soigner un blessé russe,amené à la ferme par un résistant. On apprenait l’arrivée des alliés. Léon PERIQUET prit le Mauser que son père avait caché dans un tas de planches et roulait vers Etain à bicyclette.
Aussitôt après son départ, un groupe de sept soldats Allemands en retraite et à pied se présenta à la ferme, à la recherche de nourriture.
Armés de fusils mitrailleurs, des bandes de cartouches sur les épaules, des grenades à manche à la main, ils étaient terrifiants. Dans la confusion qui suivit, ces soldats ne s’aperçurent pas de la présence du docteur, sorti simultanément de la grange-infirmerie où se trouvait le Russe.

Le docteur ORLIAC garda son calme, vint prendre sa petite moto contre le mur et dit à mes parents : “ Tâchez de les retenir un moment, je rentre à Etain, nous allons venir les faire prisonniers avec les FFI et les Américains.

Ce qu’il fit dès son arrivée près de l’église où Léon PERIQUETse trouvait parmi la foule venue acclamer les libérateurs.
Aussitôt prévenus, ils repartirent juchés sur le camion de la laiterie HURAULT de Dieppe, accompagnés de deux jeeps américaines.
Ils avaient convenu de prendre l’itinéraire suivant : Fermes de Naumoncel, de Rémany, du Bois d’Arc et enfin Pierreville, route bien connue du chauffeur, M. CACQUARD, qui ramassait chaque jour le lait dans ces fermes, afin de prendre à revers les sept Allemands.
Malheureusement, ces derniers, en déroute,n’avaient pas envie de perdre de temps. Comme ils ne parlaient pas français et que les parents de Léon PERIQUET ne connaissaient pas l’allemand, ils se servirent seuls dans leur cave. Ils se firent une omelette en vitesse et repartirent à pied vers l’Allemagne en direction de Senon.
C’est sur cette route, à l’approche de la ferme de Rémany que le drame se produisit. Ils aperçurent la camionnette des FFI venant de Bouligny apporter du ravitaillement au maquis. La route étant bordée d’une grande haie, ils se cachèrent,envoyèrent une grenade sur le véhicule et la fusillade éclata.
Quelques minutes plus tard, on découvrait l’horreur, il n’y avait plus d’ennemis. Ils venaient de rentrer dans le bois situé à proximité.
En face du modeste monument élevé plus tard, la bétaillère était dans le fossé. A ses côtés,gisaient trois corps : Roland BRASSE d’Etain etWladislas JASEK de Bouligny.



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Le blessé grièvement, Bernard FOCOSI, également d’Etain, arriva encore à murmurer : “ C’est toi Léon. Ils m’ont eu, les vaches. ??? Léon PERIQUET lui a répondu : “ Etain est libérée, nous allons te ramener,cela va s’arranger. ???
Mais la balle lui avait traversé la poitrine, au-dessus du cœur et il expira durant le voyage sur Etain. Un quatrième résistant, Claude HAGUAY de Bouligny, avait été pris en otage et fusillé quelques heures après à l’emplacement de l’ancien terrain d’aviation de Senon.
Léon PERIQUET allait chez le coiffeur chez les parents de Bernard FOCOSI.
Le père de Roland BRASSE, marchand de bestiaux et boucher, achetait des animaux à la ferme de Léon PERIQUET. Léon PERIQUET les connaissait bien.
Voir ses deux amis ainsi massacrés par des Allemands fut un choc terrible.
Ce 1er septembre qui avait commencé dans la liesse aurait dû être un jour de fête. Mais le deuil a remplacé la joie et tous les jeunes qui connaissaient bien les disparus rentrèrent tristement chez eux. La fête était finie.

Témoignage de M. Léon PERIQUET

Roland BRASSE, 18 ans, fils d’un boucher d’Etain,et Bernard FOCOSI, 19 ans, fils d’un coiffeur d'Etain étaient entrés dans la Résistance en août 1944.
Avec deux camarades résistants, ils devaient assurer le ravitaillement du maquis implanté dans la forêt voisine. Partis de bonne heure de Bouligny avec une bétaillère chargées de boules de pain et de viande,ils ont eu la malchance d’être sur le chemin de soldats allemands en déroute, avides également de trouver un moyen de transport. Cachés derrière une grande haie à un kilomètre du chemin que les résistants devaient emprunter pour rejoindre le maquis, entre la ferme de Rémany et celle du Bois d’Arc, les Allemands lancent des grenades et déclenchent une fusillade nourrie sur la camionnette,tuant sur le coup BRASSE et JASEK, blessant grièvement FOCOSI et capturant HAGUAY.

Le monument élevé sur la route de Gincrey à Senon évoque le souvenir de Roland BRASSE et de Bernard FOCOSI, héros Stainois de la Résistance.



Le docteur Eugène ORLIAC


Originaire de Toulouse, Eugène ORLIAC, interrompt ses études de médecine pour s’engager lors de la Grande Guerre.
Son père, Jean ORLIAC, capitaine d’active, est tué près de la ferme du Longeau le 24 août 1914 lors de la bataille d’Etain Buzy.
A la fin de la guerre, il reprend ses études et passe une partie de ses vacances à Etain à la recherche du corps de son père, qui ne sera jamais retrouvé.

C'est l'abbé BOURLIER, curé d'Etain, qui lui propose de venir s’installer puisque la population a besoin d’un médecin.Ses études terminées, il épouse une jeune fille de Givry en Argonne et tous deux décident de s’installer à Etain, rue de Damvillers en 1923.

Il était médecin capitaine de réserve et d’une bravoure à toutes épreuves, comme en témoignent ses citations et décorations : Croix de guerre, Médaille militaire, la plus haute distinction pour un officier, Officier de la Légion d’honneur.
Mais son activité la plus importante, celle qui nous intéresse, a été son implicationdans la Résistance, en tant que médecin des maquisards.
Au péril de sa vie, il accueillait chez lui, au 2 rue de Damvillers à Etain, des blessés ou malades, les soignait et les aiguillait ensuite en lieu sûr et ce bien que sa propriété soit souvent occupée par les S.S. Il n’hésitait pas à les provoquer.
En 1943, pour avoir mis des drapeaux Français autour d’un reposoir élevé dans son parc, le docteur ORLIAC eut de sérieux ennuis.


Elu membre du Conseil Municipal d'Etain en juin 1928.
Sans jamais rechercher les honneurs et les distinctions, il décède suite à un tragique, un accident de la route, en février 1959.

Le conseil municipal de la ville d’Etain unanime a tenu à honorer sa mémoire : le square du Docteur ORLIAC est baptisé.
Le Docteur ORLIAC était titulaire de la Médaille militaire et de la Croix de Guerre avec cinq citations et Officier de la Légion d’Honneur.






Cet article est de Senon d'Antan Meuse
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