Un château au lieu-dit "la ferme de Pierreville"

Pascal GROSDIDIER, mercredi 18 février 2009 - 18:00:00

Un château au lieu-dit "la ferme de Pierreville"
sur la commune de Gincrey (55400)



gros-oeuvre calcaire ; moellon ; enduit
couverture (matériau) ardoise
étages sous-sol ; 1 étage carré ; étage de comble
couverture (type) toit à longs pans brisés ; croupe
état : détruit avant septembre 1915










Le château a été détruit en 1914 et les allemands en ont pris les pierres pour refaire des routes. A son emplacement, il ne reste plus qu'un creux et un réservoir d'avion.


Ce château avait été construit par Mr le comte DESSÖFFY de CSERNEK et TARKO en 1859. Sa fille unique Louise Marie DESSÖFFY de CSERNEK et TARKO épouse en 1886 le comte Marie Louis Jean Emilien de LIGNIÈRES, Lieutenant de cavalerie, né le 25 mars 1856 fils de Gustave de LIGNIÈRES 1822-1888 et de Louise Marie Marthe de MAUSSION 1833-1923.




Comte DESSÖFFY de CSERNEK et TARKO



Louise Marie DESSÖFFY de CSERNEK et TARKO décède le 20/11/1887.

Le comte Marie Louis Jean Emilien de LIGNIÈRES épouse en secondes noces, le 22 juillet 1891 à Sainte-Menehould (51) Marie Lucie de SAINT VINCENT.Dont un fils :Jean de LIGNIÈRES né le 9 février 1893.


En 1908, Marie Louis Jean Emilien comte de LIGNIÈRES et Mme Marie Lucie de SAINT VINCENT son épouse, demeurant à Verdun sur Meuse, vendent à , Maurice PÉRIQUET, le domaine de Pierreville, composé d’une maison de maître dite le Château de Pierreville, une tuilerie en chômage appelée tuilerie de Pierreville et d’un corps de ferme comprenant bâtiment d’exploitation, cour, terres labourables, pâtis, prés, jardins et chènevières, l’ensemble d’une contenance totale d’environ 207 hectares.




Carte des environs du château



Le cartophile est avant tout un amateur d'histoire locale. En effet la découverte d'un document "brut", comme une carte postale ou une carte photo (une carte photo es une carte réalisée en photo et non par imprimerie) entraîne fréquemment une recherche qui viendra compléter cette documentation iconographique.
C'est ainsi qu'un membre du cercle cartophile meusien, Monsieur PERIQUET a découvert le manuscrit des mémoires de Monsieur DE SAINT-VINCENT dont la famille était propriètaire d'un château construit en 1859 et qui malheureusement, a été détruit pendant la guerre de 14-18.
Il était situé sur le finage de Gincrey, village situé à une dizaine de kilomètres au nord-ouest d'Etain.




"1881 : L'automne venue, j'allais passer quelques semaines à Pierreville. C'était une propriété acquise par ma grand-mère DE SAINT-VINCENT, sur laquelle elle avait fait construire un coquet petit château, simple rendez-vous de chasse au milieu des forêts de la Meuse, à dix ou douze kilomètres d'Etain à quelques kilomètres du village de Gincrey. La propriété, qui appartient à ma tante DESSOFFY, se compose d'un château situé sur une éminence entourée de jeunes plantations où dominent les blancs bouleaux, dispersées de façon à dessiner un parc en miniature qui descend jusqu'au bas du coteau ; il est continué par un pré, rempli de champignons et coupé par un ruisselet, rempli d'écrevisses. On aperçoit les toits rouges de la tuilerie et les premières pentes boisées du bois de Pierreville, qui a cent hectares et qui, avec la tuilerie et une ferme cachée derrière le château, possède deux cent hectares de terre arable.
Au loin dans l'étroite vallée, on aperçoit une grande bâtisse, c'est la colonie pénitentiaire de Naumoncel où l'on élève de jeunes gredins, triste voisinage qui procura à mon oncle la visite de cambrioleurs qui étaient passés par cette maison d'éducation.

Une des curiosités de Pierreville, c'étaient les écuries. Une drôle de construction incommode et mal comprise que les paysans appelaient -par dérision- "la chapelle". Il n'y avait là-dedans qu'un vieux cheval bai et un vieux char à ban que conduisait un vieux cocher ; on ne s'en servait que pour aller aux provisions à Etain et à la messe à Gincrey le dimanche, en dehors bien entendu des voyages à la gare pour amener ou emmener les visiteurs.

Une partie importante de la construction, c'était le chenil. Un vaste chenil devant lequel une haute grille en demi cercle dessinait le terrain réservé aux toutous. Beaucoup plus tard, quand la propriété passa aux LIGNIERES, les grands chiens blancs de mon oncle DESSOFFY furent remplacés par de grands chiens "noir et feu" aux longs poils durs, des "Saint Hubert" avec lesquels Emilien DE LIGNIERES mit à mal nombre de sangliers.


Un type réussi, c'était le piqueur Antoine, que nous appelions "le père Tane" ; il n'était autre que le vieux cocher ; mais si c'était un piètre cocher, peu décoratif malgré sa casquette galonnée, c'était un fameux piqueur, assez grand, très maigre, avec une vieille figure tannée aux pommettes saillantes, des petits yeux, une bouche aux dents noires et ébréchées, complétement rasé avec sur les joues creuses un crin de sanglier que le rasoir n'arrivait pas à enlever, l'air énergique et gouailleur ; il avait l'air d'un vieux braconnier, d'un véritable homme des bois.

En dehors des chasses régulières, on nous confiait souvent à sa garde. Nous allions au petit jour dans la rosée visiter les "tenderies" à l'époque où elles n'étaient pas encore interdites. Sur les lisières des forêts, des centaines de "rebigauds" -sorte de piège rustique, fabriqué avec une baguette de noisetier et de la ficelle- étaient tendus sur lesquels les petits oiseaux venaient se poser et se prendre. Tous les matins et parfois le soir, on faisait la "revauchée" qui consistait à recueillir les oiseaux pris et à retendre les appareils.


Pierreville était un pays de chasse perdu au milieu des forêts : on y venait pour chasser ; pour les femmes et les hommes peu chasseurs comme moi, ce n'était pas bien gai. Mon oncle ne chassait guère que le lièvre et le renard ; il y avait pourtant beaucoup de sangliers et de loups.



On ne les voyait jamais, sauf l'hiver quand il neigeait et qu'ils ne trouvaient plus rien dans les bois ; ils sortaient alors et attaquaient les humains. Un petit détenu de Naumancel fut dévoré ; une femme eut le même sort, une année de froid exceptionnel. Des paysans travaillant dans un champ remarquèrent sur la route, un gros chien qui semblait sauter sur elle, ils crurent d'abord qu'il s'amusait mais elle se défendit avec son parapluie ; le chien qui était un loup la terrassa. Les paysans coururent à son secours et assomèrent le loup mais la femme était morte à moitié dévorée et, dans l'estomac du fauve, on retrouva 18 livres de chair de la pauvre femme.

A l'époque où j'entendis raconter ces histoires, elles étaient toutes récentes, un peu brodées peut-être ; ce qui est certain, c'est que je me rappelle parfaitement les hurlements des loups, certaine nuit en particulier où ils vinrent à quelques centaines de mètres du château se disputer une charogne jetée dans le bois, et un autre soir que nous revenions de la passée aux canards dans le lointain on entendait les hurlements, tantôt aigus, tantôt graves, mais toujours discordants et particulièrement impressionnants dans l'ombre des grands bois que nous parcourions pour rentrer au château.
(Ce texte étant extrait des mémoires de Mr Maurice DE SAINT-VINCENT, nous laissons à l'auteur la responsabilité de ses dires sur les loups et leurs méfaits)






La chasse là-bas était généralement primitive ; c'est ainsi que pour chasser le canard, nous nous mettions carrément à l'eau ; pour mon compte, je ne m'immergeais que jusqu'aux genoux, mais les enragés y allaient carrément jusqu'à l'estomac. Bien souvent, dans ma jeunesse à Pierreville avec mes frères généralement, nous y retrouvions Stanislas et Henri DE FRANCHESSIN, les neveux de mon oncle et leurs parents. La table était très bonne et les chasseurs prisaient fort un petit vin gris du pays qu'ils appelaient, je ne sais pourquoi, du "chinquet" ; c'était sec et frais, agréable au goût et traître aux cerveaux peu solides. A l'un de mes séjours, une vaste grange de la ferme flamba pendant la nuit et le ruisselet voisin déborda ; si je parle de ces faits peu intéressants, c'est que je les ai croqués sur place en septembre 1881.











Article réalisé, grâce au coucours de Marie Jeanne LIBERT, Petite fille de Maurice PÉRIQUET.
Autre sources : Extrait de "Connaissance de la Meuse"


Merci à Patricia WOILLARD pour la partie texte du site.




Cet article est de Senon d'Antan Meuse
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